t f C
_

L’intention

La musique est inséparable du temps.  Elle s’écoule, s’étire dans une durée. Qu’on le veuille ou non,  elle s’inscrit dans un déroulement – lui-même inhérent à toute propagation. Elle utilise des modes pour habiter cet espace de temps, l’accomplir d’une certaine manière, et nous transporter dans un univers qui génère une sensation de temporalité unique.

Que se passe-t-il lorsque la « narration » que sont mélodie et  structure est suspendue ? Qu’il n’y a plus cette cette assise première entraîner l’attention vers un-quelque-part-défini. Qu’un principe autre vient organiser le temps ? Qu’il n’y a plus rien à suivre ?  Et qu’il est alors précisément soit dès lors question d’aiguiser la vigilance, d’attiser la présence à soi ?

Que devient l’acte même de la composition ? Comment signer une sorte de « trou noir » dans la temporalité et « concentrer-étendre » un espace dont la gravitation, l’intensité de poids, ira pulser sur nos voûtes perceptives ?

Que devient celui qui écoute ? Devient-il participant ? Co-créateur en tant qu’il n’est plus spectateur de rien, n’assiste plus à rien, mais co-crée un ici et maintenant à fortiori inédit dans son histoire personnelle. En sera-t-il amené dans quelque « autre part » de lui-même ?

J’explore ce que l’on appelle aujourd’hui la dimension sonique. Un concept qui allie son et musique. Une musique qui tourne autour du « son » et non plus autour de la « sonorité » comme nos héritages classique et moderne nous l’ont enseigné. C’est une musique qui s’ouvre à la dimension du cosmos, et donc à la spatialisation : le haut, le bas, l’étendue, les orientations, les cycles, les glissements…

Ma pratique sonique est une mise « en travail », une mise en présence.  Elle invite à être présent. En présence de ce lieu qui n’a pas de lieu, qui n’est nulle part dans le tout. L’investissement d’une présence qui invite au sens, au plein et au vide, du frémissement émerveillé.

La performance devient un acte fait de gestes et de souffles, d’amplitudes et d’a-partitions, de traces à suivre et à soustraire, de suspensions et de silences, d’intensités et d’insondables…

Comment cette approche s’est-elle concrétisée avec les couleurs ? Réponse… ici

Anantakara
www.anantakara.com