Anantakara – à propos
Cheminer du son à l’être en parcourant inlassablement la quête du point de rencontre des opposés, un point inattendu qui régénère et accompli avec des calligraphies sonores.
Une verticalité qui infuse une horizontalité. Un projet créateur de son, de sens et de souffle en ouvrant des espaces-temps où l’on suit des parcours initiatiques au fil de chants sonores invoquant l’intériorité poétique, imaginaire et spirituelle
Philosophe de formation (UCL, Belgique), dessinateur et animateur de sens, artiste avant tout, je porte un regard ‘sauvage’ sur nos penseurs et une oreille vive pour les orients de la pensée.
Tôt, je peuple mon imaginaire de sons, de voix, de structures, de flux ; des chants pygmées aux récifs de la musique contemporaine (Cage, Feldman, Scelci, …), en passant par la vitalité du rock, les harmonies du jazz, les ragas indiens, Mozart, Monteverdi…, les affronts technos, les saccades de l’électro et l’amplitude de l’ambient : pourvu qu’il y ait univers, définition, dimension.
Initié à la notion de « passeur d’intensité » par Alain Veinstein, je m’ouvre au pluri‐disciplinaire : poésie, littérature, cinéma, musique. Pour moi, sons et silence sont indissociables. Guitariste et flûtiste, je compose de longues improvisations où corps, présence et inspiration font tri‐unité.
En 2005, je commence à élaborer ce qui deviendra ma lutherie électronique. Depuis 2008, je suis intervenant musical régulier auprès de « Corps en Scène » avec Jean Mastin. Travail d’improvisation et de spatialisation sonore avec les acteurs, en répétition et sur scène, dans un contexte transdisciplinaire. Présence d’un « corps sonore acteur » inter‐ agissant avec le « corps en scène » des acteurs. 8 créations à ce jour. En 2008 toujours, je fonde un collectif variable de musique « intemporaine » : Anantakara. A ce jour: 7 Albums et plus de 30 spectacles, notamment : avec Laxmi Ghimire, danseuse de Bharatanatyam (2013 et 2014); soundscaping avec Louise Degotte, tambour celtique (2013), une performance pluridisciplinaire avec Yza de Burbure (2012). 2014 : performance electro‐ambient dans le cadre d’Europalia India ; concerts‐performances dans l’architecture romane (Eglise de Waha, chapelle de Somal…) et plusieurs projets de musique de film à l’étude. Un nouvel album en 2017: the never dying Fire: cycles initiés par le battement subtil du Coeur Sacré, les couleurs du coeur
Ma démarche
La musique est inséparable du temps. Elle s’écoule, s’étire dans une durée. Qu’on le veuille ou non, elle s’inscrit dans un déroulement – lui-même inhérent à toute propagation. Elle utilise des modes pour habiter cet espace de temps, l’accomplir d’une certaine manière, et nous transporter dans un univers qui génère une sensation de temporalité unique.
Que se passe-t-il lorsque la « narration » que sont mélodie et structure est suspendue ? Qu’il n’y a plus cette cette assise première entraîner l’attention vers un-quelque-part-défini. Qu’un principe autre vient organiser le temps ? Qu’il n’y a plus rien à suivre ? Et qu’il est alors précisément soit dès lors question d’aiguiser la vigilance, d’attiser la présence à soi ?
Que devient l’acte même de la composition ? Comment signer une sorte de « trou noir » dans la temporalité et « concentrer-étendre » un espace dont la gravitation, l’intensité de poids, ira pulser sur nos voûtes perceptives ?
Que devient celui qui écoute ? Devient-il participant ? Co-créateur en tant qu’il n’est plus spectateur de rien, n’assiste plus à rien, mais co-crée un ici et maintenant à fortiori inédit dans son histoire personnelle. En sera-t-il amené dans quelque « autre part » de lui-même ?
J’explore ce que l’on appelle aujourd’hui la dimension sonique. Un concept qui allie son et musique. Une musique qui tourne autour du « son » et non plus autour de la « sonorité » comme nos héritages classique et moderne nous l’ont enseigné. C’est une musique qui s’ouvre à la dimension du cosmos, et donc à la spatialisation : le haut, le bas, l’étendue, les orientations, les cycles, les glissements…
Ma pratique sonique est une mise « en travail », une mise en présence. Elle invite à être présent. En présence de ce lieu qui n’a pas de lieu, qui n’est nulle part dans le tout. L’investissement d’une présence qui invite au sens, au plein et au vide, du frémissement émerveillé.
La performance devient un acte fait de gestes et de souffles, d’amplitudes et d’a-partitions, de traces à suivre et à soustraire, de suspensions et de silences, d’intensités et d’insondables…
Paul Klee – ce grand peintre – écrivait que tout artiste cherchait « la clé secrète de tout ». Et qu’elle se trouve dans le chaos, en « ce Rien qui n’est opposable à rien ». Cet « en travail » est semblable à « la fixation d’un point dans le chaos » dont Klee affirme qu’elle est « le moment cosmogénétique » préalable à toute création.
>lire aussi interview sur le webzine Rythmes croisés
pour en savoir plus:
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